NOM
eventfd - Créer un descripteur de fichier pour la notification d’événements
SYNOPSIS
#include <sys/eventfd.h>
int eventfd(unsigned int initval, int flags);
DESCRIPTION
eventfd() créée un « objet eventfd » qui peut être utilisé par les applications de l’espace utilisateur pour l’attente ou la notification d’un événement et par le noyau pour notifier des applications de certains événements. Les objets contiennent un compteur entier non signé sur 64 bits (uint64_t) qui est maintenu par le noyau. Ce compteur est initialisé à la valeur spécifiée par le paramètre initval.
Comme valeur de retour, eventfd() renvoie un nouveau descripteur de fichier qui peut être utilisé pour se référer à l’objet eventfd.
Les valeurs
suivantes peuvent être incluses (avec un OU logique)
dans flags pour changer le comportement de
eventfd() :
EFD_CLOEXEC (depuis Linux 2.6.27)
Placer l’attribut « close-on-exec » (FD_CLOEXEC) sur le nouveau descripteur de fichier. Consultez la description de l’attribut O_CLOEXEC dans open(2) pour savoir pourquoi cela peut être utile.
EFD_NONBLOCK (depuis Linux 2.6.27)
Placer l’attribut d’état de fichier O_NONBLOCK sur la description du fichier ouvert référencée par le nouveau descripteur de fichier (consulter open(2)). Utiliser cet attribut économise des appels supplémentaires à fcntl(2) pour obtenir le même résultat.
EFD_SEMAPHORE (depuis Linux 2.6.30)
Fournir une sémantique similaire aux sémaphores pour les lectures sur le nouveau descripteur de fichier. Voir ci-dessous.
Dans les versions de Linux jusqu’à la version 2.6.26, le paramètre flags n’est pas utilisé et doit valoir zéro.
Les
opérations suivantes peuvent être
effectuées sur le descripteur de fichier
renvoyé par eventfd() :
read(2)
Chaque read(2) qui réussit renvoie un entier sur 8 octets. read(2) échouera avec l’erreur EINVAL si la taille du tampon fourni est de moins de 8 octets.
La valeur renvoyée par read(2) utilise l’ordre des octets de l’hôte, c’est-à-dire l’ordre des octets natif pour les entiers sur la machine hôte.
La sémantique de read(2) dépend du fait que le compteur eventfd a actuellement une valeur non nulle, et que l’attribut EFD_SEMAPHORE était spécifié lors de la création du descripteur de fichier eventfd :
* |
Si EFD_SEMAPHORE n’était pas spécifié et si le compteur eventfd a une valeur non nulle, un read(2) renverra 8 octets contenant cette valeur, et la valeur du compteur sera remise à zéro. | ||
* |
Si EFD_SEMAPHORE était spécifié et si le compteur eventfd a une valeur non nulle, un read(2) renverra 8 octets contenant la valeur 1, et la valeur du compteur sera décrémentée de 1. | ||
* |
Si le compteur eventfd est nul au moment de l’appel à read(2), l’appel bloquera jusqu’à ce que le compteur devienne non nul (auquel cas l’appel à read(2) sera traité comme décrit ci-dessus), ou échouera avec l’erreur EAGAIN si le descripteur de fichier est en mode non bloquant. |
Un appel à write(2) ajoute au compteur la valeur de l’entier sur 8 octets fourni dans le tampon. La valeur maximale qui peut être stockée dans le compteur est le plus grand entier non signé sur 64 bits moins 1 (c’est-à-dire 0xfffffffffffffffe). Si l’addition résulte en un compteur qui dépasserait la valeur maximale, le write(2) bloquera jusqu’à ce qu’un read(2) soit effectué sur le descripteur de fichier, ou échouera avec l’erreur EAGAIN si le descripteur de fichier est en mode non bloquant.
Un write(2) échouera avec l’erreur EINVAL si la taille du tampon fourni est de moins de 8 octets ou si l’on essaie d’écrire la valeur 0xffffffffffffffff.
poll(2), select(2) (et similaire)
Le descripteur de fichier prend en charge les poll(2) (et de façon analogue epoll(7)) et select(2) de la façon suivante :
* |
Le descripteur de fichier est lisible (le paramètre readfds de select(2) ; l’attribut POLLIN de poll(2)) si le compteur a une valeur supérieure à 0. | ||
* |
Le descripteur de fichier est disponible en écriture (le paramètre writefds de select(2) ; l’attribut POLLOUT de poll(2)) s’il est possible d’écrire une valeur d’au moins « 1 » sans bloquer. | ||
* |
Si un dépassement de la valeur du compteur a été détectée, select(2) indique que le descripteur de fichier est disponible en lecture et en écriture et poll(2) renvoie un événement POLLERR. Comme indiquée ci-dessus, un write(2) ne peut jamais produire de dépassement. Cependant, un dépassement peut se produire si un « signal post » eventfd de 2^64 a été effectué par le sous-système KAIO (théoriquement possible, mais très peut probable en pratique). Si un dépassement survient, un read(2) renverra la valeur maximale d’un uint64_t (c’est-à-dire 0xffffffffffffffff). |
Le descripteur de fichier eventfd prend également en charge les autres interfaces de multiplexage de descripteurs de fichier : pselect(2) et ppoll(2).
Quand le descripteur de fichier n’est plus nécessaire il doit être fermé. Quand tous les descripteurs de fichier associés au même objet eventfd ont été fermés, les ressources pour cet objet sont libérées par le noyau.
Une copie d’un descripteur de fichier créé par eventfd() est héritée par le fils produit par fork(2). Le duplicata du descripteur de fichier est associé au même objet eventfd. Les descripteurs de fichier créés par eventfd() sont préservés au travers des exécutions par execve(2), sauf si l’attribut « close-on-exec » est positionné.
VALEUR RENVOYÉE
S’il réussit, eventfd() renvoie un nouveau descripteur de fichier eventfd. En cas d’erreur, il renvoie -1 et remplit errno avec la valeur d’erreur.
ERREURS
EINVAL |
Une valeur non prise en compte a été spécifiée dans flags. | ||
EMFILE |
La limite du nombre de descripteurs de fichiers par processus a été atteinte. | ||
ENFILE |
La limite du nombre total de fichiers ouverts pour le système entier a été atteinte. | ||
ENODEV |
Impossible de monter (en interne) le périphérique anonyme d’inœud. | ||
ENOMEM |
Il n’y a pas assez de mémoire pour que le noyau crée le nouveau descripteur de fichier eventfd. |
VERSIONS
eventfd() est disponible sous Linux depuis le noyau 2.6.22. Le support fonctionnel est fourni par la glibc depuis la version 2.8. L’appel système eventfd2() (consultez les NOTES) est disponible sous Linux depuis le noyau 2.6.27. Depuis la version 2.9, la fonction enveloppe de la glibc pour eventfd() utilise l’appel système eventfd2() s’il est pris en charge par le noyau.
ATTRIBUTS
Pour une explication des termes utilisés dans cette section, consulter attributes(7).
CONFORMITÉ
eventfd() et eventfd2() sont spécifiques à Linux.
NOTES
Les applications peuvent utiliser un descripteur de fichier eventfd à la place d’un tube (consultez pipe(2)) à chaque fois qu’un tube est utilisé pour signaler des événements. La surcharge du noyau pour un descripteur de fichier est bien plus faible que pour un tube. De plus un seul descripteur de fichier est nécessaire (alors que deux sont nécessaires pour un tube).
Quand un descripteur de fichier eventfd est utilisé par le noyau, il peut fournir un pont entre l’espace utilisateur et l’espace noyau. Par exemple, les fonctionnalités comme KAIO (« kernel AIO ») pour signaler dans un descripteur de fichier que certaines opérations sont finies.
Un aspect important d’un descripteur de fichier eventfd est qu’il peut être surveillé comme n’importe quel descripteur de fichier avec select(2), poll(2) ou epoll(7). Ceci signifie qu’une application peut surveiller simultanément la disponibilité de fichiers « traditionnels » et la disponibilité de mécanismes noyau qui gèrent une interface eventfd. (Sans l’interface eventfd(), ces mécanismes ne pouvaient pas être multiplexés avec select(2), poll(2) ou epoll(7))
La valeur actuelle d’un compteur eventfd peut être visualisée avec l’entrée du descripteur de fichier correspondant dans le répertoire /proc/[pid]/fdinfo du processus. Voir proc(5) pour plus de détails.
différences
entre bibliothèque C et noyau
Il y a deux appels système sous-jacent :
eventfd() et eventfd2(), plus récent.
Le premier appel système n’implémente
pas le paramètre flags. Le dernier appel
système implémente les valeurs de flags
décrite ci-dessus. La fonction enveloppe de la glibc
utilisera eventfd2() quand il est présent.
Fonctionnalités
supplémentaires de la glibc
La bibliothèque C de GNU définie un type
supplémentaire et deux fonctions qui tentent
d’abstraire certains détails pour la lecture ou
l’écriture avec des descripteurs de fichier
eventfd :
typedef uint64_t eventfd_t; int eventfd_read(int fd, eventfd_t *value); int eventfd_write(int fd, eventfd_t value);
Les fonctions effectuent des actions de lecture ou écriture sur le descripteur de fichier eventfd, en renvoyant 0 si un nombre correct d’octets a été transféré, ou -1 sinon.
EXEMPLES
Le programme suivant crée un descripteur de fichier eventfd puis crée un processus fils. Alors que le père commence par s’endormir, le fils écrit tous les entiers fournis sur la ligne de commande au descripteur de fichier eventfd. Quand le père se réveille, il lit dans le descripteur de fichier eventfd.
La session shell suivante montre un exemple d’exécution du programme :
$ ./a.out 1 2 4 7 14
Child writing 1 to efd Child writing 2 to efd Child writing 4 to efd Child writing 7 to efd Child writing 14 to efd Child completed write loop Parent about to read Parent read 28 (0x1c) from efd
Source du programme
#include <sys/eventfd.h> #include <unistd.h> #include <stdlib.h> #include <stdio.h> #include <stdint.h> /* Definition de uint64_t */ #define handle_error(msg) \ do { perror(msg); exit(EXIT_FAILURE); } while (0) int main(int argc, char *argv[]) { int efd, j; uint64_t u; ssize_t s; if (argc < 2) { fprintf(stderr, "Usage: %s <num>...\n", argv[0]); exit(EXIT_FAILURE); } efd = eventfd(0, 0); if (efd == -1) handle_error("eventfd"); switch (fork()) { case 0: for (j = 1; j < argc; j++) { printf("Child writing %s to efd\n", argv[j]); u = strtoull(argv[j], NULL, 0); /* strtoull() allows various bases */ s = write(efd, &u, sizeof(uint64_t)); if (s != sizeof(uint64_t)) handle_error("write"); } printf("Child completed write loop\n"); exit(EXIT_SUCCESS); default: sleep(2); printf("Parent about to read\n"); s = read(efd, &u, sizeof(uint64_t)); if (s != sizeof(uint64_t)) handle_error("read"); printf("Parent read %llu (0x%llx) from efd\n", (unsigned long long) u, (unsigned long long) u); exit(EXIT_SUCCESS); case -1: handle_error("fork"); } }
VOIR AUSSI
futex(2), pipe(2), poll(2), read(2), select(2), signalfd(2), timerfd_create(2), write(2), epoll(7), sem_overview(7)
COLOPHON
Cette page fait partie de la publication 5.07 du projet man-pages Linux. Une description du projet et des instructions pour signaler des anomalies et la dernière version de cette page, peuvent être trouvées à l’adresse https://www.kernel.org/doc/man-pages/.
TRADUCTION
La traduction française de cette page de manuel a été créée par Christophe Blaess <https://www.blaess.fr/christophe/>, Stéphan Rafin <stephan.rafin [AT] laposte.net>, Thierry Vignaud <tvignaud [AT] mandriva.com>, François Micaux, Alain Portal <aportal [AT] univ-montp2.fr>, Jean-Philippe Guérard <fevrier [AT] tigreraye.org>, Jean-Luc Coulon (f5ibh) <jean-luc.coulon [AT] wanadoo.fr>, Julien Cristau <jcristau [AT] debian.org>, Thomas Huriaux <thomas.huriaux [AT] gmail.com>, Nicolas François <nicolas.francois [AT] centraliens.net>, Florentin Duneau <fduneau [AT] gmail.com>, Simon Paillard <simon.paillard [AT] resel.fr>, Denis Barbier <barbier [AT] debian.org>, David Prévot <david [AT] tilapin.org>, Cédric Boutillier <cedric.boutillier [AT] gmail.com>, Frédéric Hantrais <fhantrais [AT] gmail.com> et Jean-Philippe MENGUAL <jpmengual [AT] debian.org>
Cette traduction est une documentation libre ; veuillez vous reporter à la GNU General Public License version 3 concernant les conditions de copie et de distribution. Il n’y a aucune RESPONSABILITÉ LÉGALE.
Si vous découvrez un bogue dans la traduction de cette page de manuel, veuillez envoyer un message à <debian-l10n-french [AT] lists.org>.